Disparu il y a plusieurs millions d’années, le mégalodon continue de fasciner. Il est encore aujourd’hui le plus grand requin à avoir jamais existé. Qui était-il ? Pourquoi s’est-il éteint ?
Plongez dans l’histoire de cet ogre des océans qui ferait (presque) passer le Grand requin blanc pour une simple sardine.
20 mètres de long
Le mégalodon est le requin préhistorique le plus célèbre au monde. Pas étonnant au vu de ses caractéristiques impressionnantes : si sa taille moyenne variait entre 16 et 18 mètres, elle pouvait dépasser les 20 mètres !
Ajoutez à ça un poids compris entre 40 et 60 tonnes et vous avez l’un des plus grands superprédateurs que la Terre ait connu. Sillonnant toutes les eaux du globe, ses fossiles indiquent qu’il avait bien une répartition cosmopolite.
Une morsure record
Sa mâchoire de trois mètres de large est incroyable.
En se basant sur celles des requins actuels, les scientifiques estiment que sa morsure aurait été 6 à 10 fois supérieure à celle du Grand requin blanc, soit entre 12 et 20 tonnes/cm² de pression.
Le mégalodon posséderait ainsi la plus puissante morsure du règne animal.
Baleine et phoque au menu
Avec un tel gabarit et des dents de plus de 16 centimètres, il ciblait de grandes proies.
Baleines, phoques ou tortues de mer constituaient l’essentiel de ses repas.
Bien que superprédateur, le mégalodon avait de la concurrence pour obtenir de quoi se nourrir. Ce sont principalement des membres de la famille des Physétéridés, connus sous le nom de cachalots, qui marchaient sur ses plates-bandes. Notamment le Livyatan, un genre aujourd’hui éteint. Long d’une quinzaine de mètres, sa taille était similaire à celle de son cousin actuel, le grand cachalot.
Disparition
Une étude publiée en février 2019 estime la disparition du mégalodon à environ 3,6 millions d’années. Plusieurs hypothèses existent à ce sujet.
Certains scientifiques pensent que l’extinction du mégalodon aurait pu survenir à cause de l’apparition d’un autre superprédateur, comme les orques.
D’autres estiment que le refroidissement océanique associé au début des périodes glaciaires serait le grand responsable. Ce changement de température aurait perturbé le mégalodon qui a besoin d’une eau tempérée. Mais surtout, avec la disparition progressive des petites baleines, de plus gros spécimens se sont imposés. Ils auraient alors préféré des eaux plus froides et migré vers le nord. Privé de cette source de nourriture, le mégalodon aurait eu du mal à trouver de nouvelles proies pour satisfaire son immense appétit. Il se serait alors tourné vers le cannibalisme. Une pratique qui pouvait arriver parfois mais qui se serait accélérée à mesure que la nourriture manquait. Les jeunes mégalodons se retrouvaient fatalement à la merci des plus anciens. Plus assez de proie, plus assez de jeunesse, voilà comment peut disparaitre une espèce.
Enfin certains penchent pour une disparition de ses zones de reproduction. Le début des glaciations, en provoquant l’abaissement du niveau marin, aurait fait émerger, donc disparaître en tant que milieux marins, les larges plates-formes épicontinentales peu profondes où le mégalodon se reproduisait et grandissait. Le tout à l’abri des prédateurs.
Parenté avec le Grand requin blanc ?
Les grandes dents du mégalodon qui ont été retrouvées s’avèrent similaires à celles du Grand requin blanc. Mais s’ils ont longtemps été considérés comme proches parents, ce n’est plus le cas aujourd’hui. De plus en plus de chercheurs contestent cette analyse et pensent que les similarités dentaires seraient le fruit d’une évolution convergente.
Si l’on suit cette approche, le Grand requin blanc est plus étroitement lié au requin mako à grandes dents (Cosmopolitodus hastalis) qu’au mégalodon. Leurs dentitions sont plus semblables. C’est l’Otodus obliquus qui serait l’ancêtre du mégalodon.
Disparition des superprédateurs, attention danger
La disparition des superprédateurs entraine un effet domino néfaste sur le reste des écosystèmes. Si ça a pu être le cas pour le mégalodon il y a plusieurs millions d’années, la diminution progressive des requins en est de nouveau l’exemple aujourd’hui. Il a été démontré que leur élimination provoque de vastes dégradations sur les écosystèmes marins.
Selon une étude scientifique publiée en 2013, 100 millions de requins sont tués chaque année dans le monde. Or environ 60% des requins pélagiques figurent actuellement sur la liste rouge mondiale des espèces menacées dressée par l’UICN.
Sa préservation est donc plus que jamais vitale aussi bien pour lui que pour le reste de la vie marine. Sans oublier l’humanité.
Les superprédateurs d’aujourd’hui
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Requin blanc Carcharodon carcharias
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Requin tigre Galeocerdo cuvier
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Requin mako Isurus oxyrinchus
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Requin bouledogue
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Orque
When Did Carcharocles megalodon Become Extinct? A New Analysis of the Fossil Record
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A propos de l'auteur
Ancien journaliste, Nans Gourgousse est désormais un auteur et podcasteur vivant à Paris. Ses thèmes de prédilection sont l'environnement, la consommation d'énergie et les pistes pour réussir à mieux vivre en consommant moins. En plus de la rédaction d'articles, il est en charge de la communication sur les réseaux sociaux de Fishipedia.